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Carnet de route d'un canard
11 avril 2013

Le printemps

6 avril Il fait chaud je fais tout sécher et pars vers onze heure. J'en ai pour six heures d'après les panneaux pour rallier Paimpol, mais ils exagèrent toujours un peu. C'est un plaisir de marcher sous le soleil. La couleur de l'eau varie du turquoise au bleu marine au passage d'un nuage. Je croise des bernaches en pagaille. Elles sont belles avec leur tête noir. Aujourd'hui je peux en voir de prêt. Arrivé sur Paimpol, arrêt net des réponses aux bonjours et moquerie bourgeoise sur mon fidèle compagnon et mon short. Une couchsurfeuse à répondu. Je lui répond pour avoir ses coordonnés. Sa réponse tarde. Le temps passe et j'appréhende le coucher de soleil. Je me rabat tristement sur un hôtel. Évidemment sa réponse arrive peu de temps après. Situation atroce de gâchis et de gêne mutuelle... 7 avril Je traîne au petit dej avec Patrick, entrepreneur rêvant de tout plaquer pour Partir. Il aime le Bateau et la route, le courant passe bien. On se recroisera peut-être. Une course et je me lance sur le GR. En face de l'île de Bréat, sur une plage de galet, trois gars commencent à descendre un bateau à la main, sur des rondins. Je leur donne un coup de main. Quand on a du temps pour soi, on a du temps pour les autres. En entrant dans l'embouchure du Trieux, je m'arrête dans un petit coin parfait pour un bivouac, a ceci prêt que ma tente est sous un arbre. En cas de pluie ce sera galère. Mais le lieux est idyllique, il y a de quoi faire du feu, même les cailloux alors je me lance. Presque pas de vent, le léger flic-floc des vaguelettes me bercera. Ce soir soupe au feu de bois. Et quelle soupe! Je n'ai pas souvenir d'une soupe instantanée aussi bonne! Le vent faiblissant a continué à souffler nord nord est. Ce soir à une heure du couchant, il s'est arrêté quelques minutes, puis est passé sud est. Pour la première fois des insectes marchent sur ma tente. C'est officiel, le printemps est là. Je vis un instant de pur luxe a la définition de Tesson. Note de Coincoin \\_/°< : j'adore la varappe! 8 avril Et il a plut. Ce n'est pas trop grave mon ami pin ne goutte plus ce matin. Je démarre tard, la soirée au coin du feu ayant traîné. Petites averses, puis bonnes averses qui finissent, dans un coup de tonnerre en déluge, me trempent. Je passe la journée dans la boue. Je dois avancer moitié moins vite que la veille. Je passe mon temps à chercher où poser les pieds pour éviter de m'embourber jusqu'à mi mollet. Je commence à chercher, un peu comme Noé dans sa barcasse, un coin pour dormir. Je tombe sur une déviation du GR. "Pour cause d'éboulement sur 30m et pour la sécurité des piétons". Il y a un petit plan sans échelle auquel je ne comprend rien. Fichtre!! Je passe on verra bien, je me retrouve dans une petite crique magnifique et pommé accueilli par des bernaches. Parfait pour ma nuit. Le temps de monter ma tente et je m'assois sur un tronc habillé de lierre, profitant d'un couchant superbe. La mer est d'huile, le vent n'existe plus et la vue, par delà la petite baie, donne sur les îles. Les oiseaux n'ont jamais été aussi nombreux à s'égosiller, à fêter le printemps. 9 avril Ce matin la tente est trempée. Heureusement le soleil me fait honneur. Je repars sur mon 34 et passe au dessus de "l'effondrement", parfaitement délimité sur bien 5 mètre. En début d'après-midi le vent souffle et sur la péninsule a la sortie de Lanros, je lutte contre le vent. La mer est basse et tellement loin qu'on ne peut la discerner que d'un point haut. Depuis Paimpol, des récifs par dizaines ponctuent la mer, la côté est dangereuse Comme dans peu d'endroit. Neptune n'a pas pu faire ça tout seul. Il lui a fallut l'aide de Vulcain et de son marteau pour morceler ce paysage. Quelques heures après une énorme averse me trempe. Cela dit j'ai le temps de sécher. Mes pieds commencent à être douloureux. Depuis plusieurs jours je n'ai plus de douleur au talon ni de cloque. C'est seulement mes chevilles en train de se mettre au pas qui fatiguent en fin de journée. Je marche facilement deux heures avant de trouver un coin, pas terrible, dans un champs pour planter ma tente. Elle est à peu prêt à l'abri du vent. Ce soir il pleut encore... Si je ne traîne pas, après demain je suis à Perros Guerec, où un toit de couch surfer m'attend. 10 avril Je décolle en vitesse de mon coin pourri. Je fais bien car une fois plié, un crachin grandissant va me tremper toute la journée. En sortant de Trégieux, où je mange et fait mon marché, je perds le GR. Sans soleil et toujours sous la pluie, mon sens de l'orientation en prend un coup. Je passe par la route rejoindre Plouguestan. Ah! La départementale D8 avec ses camions et ses vitesses non respectées... C'est super sympa sous la saucée... Arrivé dans ce petit bourg je prend un chocolat chaud pour me réchauffer. Je retrouve rapidement, la mer et mon GR. Au bout de 10´ je tombe sur un coin à bivouac, sous des amis pins. La pluie doit s'arrêter dans la soirée donc la tente devrait sécher tranquillement. Je prépare un feu, le bois imbibé prend difficilement mais après deux heures de travail acharné mon feu est autonome. Il n'est pas fringuant mais il a le mérite de faire chauffer ma soupe et sécher mes chaussettes et un peu mes chaussures complètements trempées. Je m'endors protégé du vent par les pins. Si je devai être un arbre je serais un pin. Il pousse vite et sait donc s'adapter plus facilement. Il ne goutte pas sur les tentes des voyageurs, fournit du bois mort en quantité, épine et pomme pour l'allumage. Mais je ne serai jamais un arbre, car il s'enracine.

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Commentaires
C
Emcl en fait ca veut dire Clem... Et ouais...c'est comme dans des chiffres et des lettres, faut tout remettre dans l'ordre!
E
Et surtout quand on vit au rythme de la nature...je me suis fais la même réflexion que Marianne en te lisant aujourd'hui! Cela dit, même sans contraintes de temps, on reste attaché à une sorte de planning...l'homme moderne n'est jamais loin! <br /> <br /> Tu commences à trouver ta plume...c'est agréable de te lire! C'est fluide et imagé, on s'y croirait! Ca se réchauffe et ils annoncent un beau temps ce week end, tu vas pouvoir sécher avant de te transformer en amphibien, quoique je doute que tu en sois déjá un! ;) biz!
M
Très beaux paysages ! Je suis ravie d'apprendre que tes pieds commencent à se faire à ton rythme. Si tu as l'occas' un de ces jours pour nous donner tes impressions sur la notion de temps qui passe aujourd'hui. Je me suis toujours demandée ce qu'on pouvait ressentir quand on a pas d'impératif de temps, de contrainte quelconque. <br /> <br /> Merci d'avance pour ton intérêt à ma question
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