Fin d'une étape

23 mai Aujourd'hui sera ma dernière journée, quelque soit l'heure ou elle finira. Motivé par cette perspective je me le lève particulièrement tôt et rapidement. Je ne verrai la mer qu'en fin de journée. Le chemin, toujours balisé approximativement alterne entre forêt et champs. Le trajet est essentiellement fait de ligne droite et de virage à angle droit se qui facilite l'orientation tout en rendant les distances beaucoup plus longue qu'à vol d'oiseau. Je passe une bonne partie de la journée à me demander ce que je vais ressentir en passant le pas de la porte. Es ce que je vais m'écrouler? De tristesse ou de joie? Ne plus vouloir repartir? Ça m'étonnerai bien pour cette dernière. Le soleil m'accompagne pour cette dernière journée. Il fait bon et mon pas est survolté par cette température agréable et l'arrivée qui se profil. L'entrée dans les terres me fait profiter de la fraîcheur des forêts et je croise un chevreuil sur le bord du chemin. On n'a pas la chance d'en croiser prêt de la mer. Mes chevilles commencent à me faire souffrir. Qu'importe... Les noms sur les panneaux me sont maintenant connus depuis ma jeunesse. Un par un ils défilent... Plouharnel, Penthievre... Et l'isthme se déploie fin comme une lame tranchant l'océan. Mes articulations sont en morceaux. Encore un effort. Cela fait une dizaine d'heures que je marche à un rythme effréné. Je n'aurai même pas osé penser tenir ce rythme aussi longtemps il y a deux mois. Le panneau "Saint Pierre Quiberon" apparaît, l'église, les plages de mon enfance, le parc, et voici la maison au bout de la rue. Quelques dizaines de pas. Je pose mon sac, sort les clefs et passent le pas. C'est fait. Plus de 1400 kilomètres, deux mois et demi de marche, des nuits descendant dans le négatif et le gel devant la tente, les tempêtes, la pluie, la grêle... Mais tant de belles rencontres et de belle choses. Fin d'une étape, début d'une autre. Bientôt j'amorcerai la descente en stop.